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Herrmann Wendroth: Porto Alegre vista do alto da Misericórdia em direção ao sul, c. 1852
Les LARMOIRE (dont j'ai parlé dans l'article d'hier) sont une branche qui concerne mon grand-père paternel; mais du côté de ma grand-mère paternelle, il y a également eu une tentative d'installation en Amérique du Sud.
Il s'agit de Paul LAFFITE, fils de mon arrière-arrière-grand-mère Marie LOUIS (S21) et de son mari Jean LAFFITE (S20)... En réalité, je suis persuadée que Paul n'est pas le fils biologique de Jean. En effet, il est né le 22 mars 1870 à midi à Mont-de-Marsan, "fils de père inconnu et de Marie JEANNE, domestique, âgée de 24 ans, native et domiciliée de cette ville, avenue du Bourgneuf".
Marie JEANNE, elle-même, est une enfant trouvée. A "l'âge apparent d'un jour", elle a été abandonnée, sur les 3 h du matin, dans le tour de l'hospice de Mont-de-Marsan, vêtue d'un emmaillotage misérable, avec sur la tête "un bonnet en indienne fond jaune, parsemé de fleurs rouges et noires, garni d'un tulle noir" et noué par "deux rubans dont l'un rouge et blanc et l'autre de couleur jaune".
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"indienne fond jaune, parsemé de fleurs rouges et noires"
Signe que sa mère réduite à cette triste extrémité gardait l'illusoire espoir de récupérer un jour son enfant, "au bras droit de l'enfant était attaché un ruban rouge rose, vert et bleu". Le bébé est nommé Marie LOUIS par les responsables de l'hospice, et est suffisamment vigoureux pour survivre aux épreuves traversées à l'époque par ces petits abandonnés, dont beaucoup ne survivaient pas.
Je retrouve Marie, sous le patronyme de JEANNE, dans le recensement de 1861. Agée de 15 ans, elle est domestique rue de l'Hôpital. Enfant trouvée, elle n'avait guère d'autre avenir envisageable. Quelques années plus tard, - victime d'un viol ancillaire ou abusée par de fausses promesses? -, elle met donc au monde le petit Paul.
A cette époque, Jean LAFFITE n'a pas encore 18 ans, et vit à Geaune, où il est également domestique. Il faut dire qu'il est lui aussi né de père inconnu, et la société de l'époque n'étant pas tendre pour les êtres stigmatisés par leur naissance, la domesticité était leur lot le plus fréquent... Geaune se trouve à 34 kms de Mont-de-Marsan. Il n'y a aucune raison logique pour que Jean ait connu Marie à l'époque. Ils se sont plutôt rencontrés un peu plus tard, quand Jean part travailler à Mont-de-Marsan. Ils se marient le 29 janvier 1874, et reconnaissent dans la foulée le petit Paul. Il s'agit sans doute d'un geste de générosité du jeune époux. Générosité poursuivie par une relation effectivement paternelle, ou au contraire démentie par une dureté quotidienne contre le petit bâtard? Cela fait partie de ce qui est impossible à savoir...
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Toujours est-il que, volonté d'échapper à une tutelle pesante ou espoir d'un avenir enfin radieux, le jeune Paul choisira d'émigrer au Brésil très jeune, sans doute vers 16 ou 17 ans.
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Bulletin Mensuel des Postes et Télégraphes - Avril 1885 - gallica.bnf.fr
Quand les autorités militaires françaises veulent l'incorporer, en 1890, elles le disent d'abord "absent", puis le déclarent "insoumis" le 21 mai 1892. Il leur faudra plusieurs années1 pour découvrir qu'il est en fait parti tenter sa chance en Amérique du Sud, et que malheureusement il est mort le 28 décembre 1890, âgé de seulement 20 ans, "décédé de mort naturelle à l'hôpital de Notre Dame des Douleurs", comme le certifie Jorges Frédéric FAYET, "docteur en médecine par l'université de Hambourg, approuvé par la faculté de médecine de Rio de Janeiro". Diagnostic : "phtisie mésentérique". A un si jeune âge, il avait déjà eu le temps d'émigrer tout seul et même de se marier... Vivre vite et laisser un (malheureusement certainement pas) beau cadavre...
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Une fois de plus, je constate qu'il faut parfois prendre les documents des archives avec des pincettes : le rédacteur de la fiche matricule dit qu'il est mort à "Porto Allegre (Chili)". En réalité c'est au Brésil!
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Je ne connais pas l'identité de sa veuve (il est dit "marié" dans la transcription de son acte de décès) et j'ignore s'il a eu le temps de faire un enfant avant de disparaître. Il était l'oncle de ma grand-mère paternelle, mais elle est née 17 ans après sa naissance, je ne sais pas si elle en a entendu parler...
Toujours est-il qu'une fois encore, l'Amérique du Sud a été fatale à ma famille...
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Note :
1) « L'an 1897 le 5 du mois de moi, nous Jules PANNAUT adjoint délégué par M le Maire Officier de l'état civil de la Commune de Mont de Marsan canton dudit (Landes) avons procédé à la transcription de l'acte de décès dont la teneur suit, qui nous a été transmis par M l'agent consulaire de France à Porto Alegre, et qui nous est parvenu aujourd"hui à 10h du matin » (AD Landes- Mont-de-Marsan)