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Sosa 2023

          Le Généathème de ce mois-ci nous invite à terminer un article resté à l'état de brouillon depuis un certain temps... L'occasion pour moi de me secouer et de terminer enfin mon article sur le sosa 2023, quasi fini et lâchement abandonné depuis des semaines... Merci Généatech de m'avoir fait retrouver le chemin de mon blog...

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      Comme je l'avais déjà évoqué à propos de mon impossible sosa 2021 , j'ai toute une série de sosas introuvables avant 2026, puisque le père de mon sosa 126 est inconnu.

         J'avais trouvé une parade l'an dernier, en m'intéressant au sosa 2022 de mon fils (qui se trouve être pour moi le 998).

       Assez logiquement, cette année, même motif, même punition, je vais donc m'intéresser à la sosa 2023 de mon fils (soit ma propre sosa 999).

        Et logiquement aussi, Françoise VALLET, sosa 2023 de ma descendance, est la femme d'André CAILLETTE, sosa 2022. Je l'ai donc déjà évoquée indirectement. Je lui tourne d'ailleurs décidément autour, car je me suis également intéressée à son gendre Rémy LAVIDIERE lors d'un Généathème sur les Métiers anciens.

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       Voici donc venu le moment de mettre Françoise au centre des événements, et de considérer cette branche de son point de vue à elle. Après tout, comme l'un de mes objectifs généalogiques essentiels pour 2023 (évoqué dans l'article « O comme Organisation »  de mon dernier Challenge AZ ) est de reprendre méthodiquement mes branches et de les « nettoyer », les compléter, finir de transcrire et d'exploiter un par un les actes engrangés, et de noter les différentes recherches à faire lors de futures visites IRL dans certaines archives départementales, pourquoi ne pas travailler en ce début d'année sur cette branche précise ? Même si cela interrompt quelque temps le travail méthodique entrepris sur ma branche mayennaise, dans la perspective d'un déplacement à Laval au printemps... Me revoici donc de nouveau plongée dans ma branche maternelle, pour cette fois dans la zone de Vitry-le-François, Pringy et Faux sur Coole, dans ce qui deviendra quelques décennies plus tard le département de la Marne.

 

Carte de Cassini - gallica-Bnf

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        Françoise VALLET naît dans une famille de laboureurs champenois. Son père, Etienne VALLET, âgé de 21 ans lors de son mariage le 25 janvier 1719, est issu de laboureurs de Pringy, et Jeanne GILLET, sa mère, 22 ans, est fille de laboureurs de Songy, à 4 kilomètres de là.

       Le mariage s'avère vite prolifique : dès le mois de décembre naît le premier enfant, Etienne ( qui bien sûr deviendra... laboureur!). Le jeune couple est installé à la ferme de la Nouée de Chaudière, sur la paroisse de Pringy, où vont se succéder les naissances1.

    AD 51 - Cadastre de 1825 - Détail - Pringy - La Nouée Chaudière -

 

      Quand naît Françoise, le 31 mars 1731, elle est la huitième enfant de la famille (en 12 ans). Trois de ses aînés étant morts en bas âge, elle a un grand frère de 11 ans, et trois soeurs, de 9 ans 1/2, 4 ans 1/2, et 3 ans.

      Les naissances se succédant toujours, Françoise a bientôt un petit frère, Jean; puis une petite Louise viendra compléter la fratrie en mars 1736, et encore un petit Claude un an plus tard.

       Mais la fillette connaîtra bien vite les chagrins : à 13 ans 1/2, elle a déjà vu mourir ses soeurs Marie, 8 ans 1/2, et Jacquette, 19 ans, et ses frères Claude, sept mois, et Jean, 11 ans... Comme les curés n'avaient pas le droit d'indiquer la cause des décès dans les actes de sépulture, il est impossible de savoir de quoi Marie, Jacquette et Jean sont morts, mais il est facile d'imaginer la peine des parents et des autres enfants... A la mi septembre 1744, des 11 enfants mis au monde par Jeanne GILLET, il n'en reste donc plus que quatre : Etienne, 24 ans 1/2, Madeleine 16, Françoise, 13 ans 1/2, et Louise 8 ans 1/2...

 

       Heureusement, ces survivants de la fratrie vont tous devenir adultes et se marier à leur tour quelques années plus tard. Madeleine ouvre le bal, en novembre 1755. A 27 ans, elle épouse Pierre JONET, le fils orphelin d'un marchand de Châlons-en-Champagne. Elle semble faire un assez beau mariage, car le curateur du futur est Jean Charles JONET admodiateur de la paroisse et seigneurie de Songy son oncle. Il faut dire que son propre père, Etienne VALLET, est lui-même devenu laboureur admodiateur de la terre et seigneurie de Pringy, après en avoir été le procureur fiscal.

Wikipedia nous informe que l'amodiateur – ou  admodiateur - « était, sous l'Ancien Régime celui qui donnait une terre en location (« à ferme »), moyennant une prestation périodique, généralement en nature (céréales, etc.). L'amodiateur est un officier de la terre. Son rôle est d'affermer (fixer les montants des fermages) les revenus de la seigneurie pour une durée de 3 ou 6 ans, éventuellement renouvelable. L'amodiation supposait une connaissance approfondie de la richesse d'un fief, pour fixer un niveau d'enchère (augmentation) procurant un bénéfice raisonnable. Les procès résultants des contestations étant à la charge des amodiateurs, ceux-ci étudiaient les vieux terriers (livres d'inventaire des terres) pour en tirer d'anciennes taxes ou dîmes oubliées, destinées à compenser leurs frais. Ces terriers furent souvent brûlés à la Révolution, car ils symbolisaient la pression fiscale féodale.

 

        L'amodiateur donnait en « amodiation» telle ou telle terre cultivable à un « amodiataire ». La terre (« ferme ») était « amodiée » pour telle ou telle quantité de blé, par exemple. »

***

 

La vie de Françoise est assez banale,

 

mais à étudier en détail son histoire familiale,

on croise un certain nombre de ces phénomènes sociaux

que la généalogie nous révèle :

 

- les enfants baptisés à la maison en urgence par le chirurgien pour cause de danger de mort (jumeaux d'Etienne son frère, dont un seul survivra au-delà d'un mois)

 

- les campagnes militaires de Napoléon (son neveu Pierre Jacques GOBLET, grenadier à cheval mort pendant la campagne de Pologne en 1807)

 

- les épidémies (probablement le cas pour sa soeur Louise et son beau-frère Jacques GOBLET, décédés à 4 jours d'écart début janvier 1780)

 

- la mortalité liée aux accouchements (sa belle-soeur par alliance Marie-Jeanne GAUTIER, épouse de son beau-frère Louis CAILLETTE, morte de suites de couches en janvier 1775)

 

- les enfants des villes mis en nourrice à la campagne, avec peu de chances de survie (ses nièces Madeleine et Françoise GOBLET, toutes deux décédées avant l'âge de trois mois, chez le même père nourricier, en 1771 et 1772)

 

- l'opposition d'un parent au mariage d'un enfant majeur (Son neveu Jean Baptiste VALLET se marie en 1803 avec " soumissions respectueuses faites" à sa mère, autrement dit contre l'avis de celle-ci)

 

- les taux de mortalité infantile effrayants : sur les 17 neveux et nièces que je lui ai trouvés, 7 décèdent dans l'enfance , et je ne sais pas ce que sont devenus 3 autres, qui pourraient être décédés très tôt, en nourrice dans un autre endroit par exemple. Sur les 17, j'en ai trouvé seulement 7 parvenus à l'âge adulte (et au mieux, ils seraient 10)

 

- le choléra (décès de sa fille Marie Anne CAILLETTE en juin 1832, en pleine épidémie : deux registres supplémentaires doivent être ajoutés au registre des décès à Vitry, où on relève 1 malade sur 12 habitants, 1 mort sur 3 malades et sur 36 habitants)

***

 

          Le 12 février 1760, âgée de 28 ans, elle épouse André CAILLETTE, un maître boulanger de Vitry. Elle quitte alors don village de Pringy, pour rejoindre Vitry où son mari jouit sans doute d'un certain prestige parmi ses pairs, puisqu'il va très vite devenir Inspecteur et contrôleur des Maîtres boulangers, puis Inspecteur général des Maître boulangers. Il abandonnera toutefois cette profession pour devenir marchand chaufournier une douzaine d'années plus tard, pour ma plus grande confusion.

 

     

      Françoise met au monde au moins 7 enfants dont 6 deviennent adultes (4 filles et 2 garçons), ce qui est plutôt une bonne statistique pour l'époque, et notamment pour sa famille. Chance à la loterie génétique? Ou talent particulier de sa part pour préserver la santé de ses enfants? Toujours ces questions sans réponse...

      Sa mère, Jeanne GILLET, meurt le 23 janvier 1764 à environ 67 ans, "avoir reçu les sacrements de pénitence, d'eucharistie et d'extrême onction". Son père, Etienne VALLET, décède huit ans plus tard, le 24 février 1772. Il est alors veuf, âgé de 73 ans, et toujours admodiateur de la Seigneurie de Pringis. Son fils et ses gendres assistent à son inhumation, et certainement également ses filles, dont Françoise, mais bien sûr, une fois de plus, les femmes sont les grandes invisibles des registres.

 

        Son mari André CAILLETTE décède le 16 mars 1785, âgé d'un peu plus de 50 ans2, la laissant veuve à 53 ans, avec 7 enfants, dont plusieurs adultes, mais encore tous célibataires : Etienne a 24 ans, Marie Louise 23, Elisabeth (sosa 1011 de mon fils) 21, Françoise 20 , Jacques André 16, et Marie Anne 12.

 

       Alors que son mari décède 4 ans avant la Révolution, Françoise, qui lui survit pendant 14 ans, a connu, outre les règnes de Louis XV et Louis XVI, la Révolution, la chute de la monarchie, l'exécution de Louis XVI, et le Directoire, puisqu'elle décède 6 mois avant le coup d'état du 18 Brumaire, le 11 mai 1799, âgée de 68 ans.

 

***

Quelles recherches pourrais-je faire encore

pour en savoir plus sur sa vie ?

 

       La presse ancienne champenoise accessible en ligne par les bibliothèques de Reims m'a appris que Françoise et son mari ont vendu une maison à Vitry-le-François le 30 décembre 17773, puis, le 3 décembre 1780, des terres « sises aux terroirs de Faux sur Coolus et voisins, moyen. 750 liv. par contrat passé devant Me GUYOT, notaire à Fontaine sur Coolus" 4 . Des recherches dans les archives notariées de l'époque pourraient donc fournir des informations intéressantes.

       D'autre part, j'aimerais retrouver l'inventaire après décès d'André et la mise en place de la tutelle des plus jeunes enfants.

        Bref, il faudra vraiment programmer une visite aux lointaines AD de la Marne un jour...

***

En conclusion :

 

       Il y a un peu plus d'un an, j'évoquais ma perplexité dans mon article sur André CAILLETTE, époux de Françoise VALLET et sosa 2022 de mon fils, car je ne comprenais pas comment et pourquoi André avait quitté la profession de maître boulanger pour celle de marchand chaufournier. Je me demandais alors :

« Aurai-je réussi à démêler cette histoire d'ici 2023,

quand il sera temps d'évoquer

Françoise VALLET, la femme d'André ? "

 

Eh bien, la réponse est... NON !

Il faut bien accepter

que nos ancêtres

garderont toujours une part de mystère...

 

 

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Notes :

1) Après Etienne, Jacquette naît deux ans après le mariage, puis Nicolas, qui hélas mourra à l'âge de 20 mois. Un petit Jean Noël ne survit que deux mois. Naissent ensuite Marie, en juillet 1726, Madeleine en janvier 1728, et une petite Jeanne en juillet 1729, qui malheureusement décède 4 mois avant la naissance de Françoise, ma sosa)

2) Son acte de baptême est introuvable car lacunes dans les registres de Faux sur Coole de 1678 à 1733 )

3) In Affiches, annonces et avis divers de Reims et généralité de Champagne 9/2/1778 

4) In Journal de Champagne du lundi 15 janvier 1781

 

 

Tag(s) : #Ancêtres Marnais, #Branche maternelle, #Généathème
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