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En cette spéciale semaine Saint Valentin du #moisgeneatech , je voudrais tordre le cou à l'idée reçue selon laquelle les hommes auraient de tous temps épousé des femmes plus jeunes, et qu'à l'inverse les cas où la femme serait nettement plus âgée seraient exceptionnels. J'en ai en fait trouvé un certain nombre dans ma généalogie, et pas nécessairement, comme on le croit souvent (pour tenter d'expliquer ce qui serait "anormal") pour éviter la conscription au jeune homme, comme à l'époque où l'ogre Napoléon dévorait ses enfants et les appelait de plus en plus jeunes...
Je prendrai aujourd'hui l'exemple de François "Xavier" SAUPIQUE - fils de mon Sosa 56, Christophe, AGP d'une de mes AGM-, et de son épouse Clémence NOËL.
Clémence naît en novembre 1828 à Cheppes la Prairie, petite bourgade champenoise lovée aux bords de la Marne. Trente ans plus tard, elle travaille comme couturière et, le 8 novembre 1858, épouse le charpentier Pierre Louis JACQUEMIN, à Togny-aux-Boeufs, village voisin. Le marié est veuf depuis un an, et a une fille de 13 ans, Sidonie, qui sera sans doute bientôt placée à Châlons sur Marne, où elle se marie 10 ans plus tard. Clémence et Pierre Louis auront un enfant, Louis Eugène , qui hélas décèdera à l'âge de 4 ans.
Lors du recensement de 1866, le couple réside 23 rue Deviot, toujours à Togny, et est donc sans enfant. Quelques maisons plus loin, au N° 5, vit la famille de Sosthène Cléophas GATELET, propriétaire de 36 ans, marié , père d'un enfant de 2 ans. La famille a un domestique de 20 ans, Ferdinand LALLEMAND, et un berger, Xavier SAUPIQUE, 19 ans, originaire de Vitry la Ville, à moins de 2 kms.
Un an plus tard, le 29 mai 1867, Pierre Louis JACQUEMIN décède prématurément, à l'âge de 44 ans, et Clémence Noël, 38 ans, se retrouve veuve et sans enfant.
Presque 3 ans plus tard, le 15 mai 1870, elle épouse son ancien voisin François "Xavier" SAUPIQUE, qui a quitté Togny sans guère s'éloigner, puisqu'il travaille depuis quelque temps à Cheppes la Prairie chez M. Paul Aubert, dont il gardera le troupeau jusqu'au début du XX° siècle, recevant à deux reprises (en 1897 et en 1904) des récompenses, dont une médaille d'argent et une médaille d'honneur agricole, pour " Bons et loyaux services rendus à l'agriculture par les serviteurs ruraux".
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Les époux ont donc 19 ans d'écart, Xavier, né le 19 juillet 1846, n'ayant que 23 ans, et Clémence 41. Les débuts de leur mariage vont être difficiles. En effet, Clémence est très enceinte lors de la cérémonie, mais l'Histoire se joue trop souvent des projets individuels, et la guerre franco prussienne qui éclate le 19 juillet va obliger Xavier, soldat de la garde mobile, à rejoindre les drapeaux, tout juste deux mois après avoir convolé... (Malheureusement, le site en ligne des AD de la Marne étant ce qu'il est. :/, je n'ai toujours pas accès à son dossier militaire pour connaître des détails). C'était vraiment pas de chance : lors de la conscription, il avait tiré un "bon numéro", et donc échappé aux 7 ans de service des conscrits enrôlés dans l'armée active. Reconnu apte au service, mais avec un bon numéro, il avait rejoint la Garde mobile, ce qui pouvait le laisser espérer être relativement épargné par les obligations militaires. Mais le voilà soudain obligé à quitter ses chers moutons et le calme de sa campagne pour rejoindre le camp d'entraînement de Châlons sur Marne, sans véritable formation militaire, et avec un équipement dérisoire.
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C'est donc sans son jeune époux et avec sans doute beaucoup d'inquiétudes que Clémence accouche le 1er novembre d'une petite Marie "Eugénie" Annaée.
Heureusement, Xavier reviendra vivant de la guerre, et le couple coulera enfin des jours paisibles à Cheppes, Xavier surveillant les moutons de Monsieur AUBERT, et leur fille unique Eugénie épousant à 20 ans Ernest MILLON, un jeune cultivateur, qui de "domestique de culture" finira par devenir "propriétaire". Xavier et Clémence resteront toujours attachés à leur Cheppes la Prairie; à partir du recensement de 1906, ils habitent chez leur gendre, avec leur fille et leurs petits enfants. Ils y sont toujours en 1911, Clémence a 83 ans, Xavier , 65 ans, garde toujours les troupeaux de Monsieur AUBERT...
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Je ne sais pas encore quand ils sont décédés, les registres en ligne de la Marne restant désespérément bloqués sur 1902 :(
Affaire à suivre, donc... avec patience et longueur de temps... Et puis j'aimerais aussi un de ces jours avoir enfin accès au dossier matricule de Xavier, pour avoir sa description, et pour savoir ce qu'il a fait pendant la guerre de 1870...
Voilà, c'étaient mes amoureux du jour, un couple tranquille, presque sans histoire, resté uni pendant plus de quarante ans, malgré une différence d'âge certaine... Mais justement, ne dit-on pas des gens heureux qu'ils n'ont pas d'histoire??