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Registres d'écrou et de bagne

#lemoisgeneatech - février 2021 - 1ère semaine : une source peu connue

(enfin, deux pour le prix d'une ;) ) :

les registres d'écrou, et les registres du bagne de Brest

(ça n'en a peut-être pas l'air au début,

mais si si, je vous assure,

ça va parler de ces sources peu connues ;> )

 

       Comme le montrent mes découvertes (toujours en cours) dans les archives judiciaires, avoir des ancêtres peu recommandables est en fait une aubaine pour le généalogiste, car ils ont laissé un certain nombre de traces dans les archives. (J'avoue, les testaments et les contrats de mariage, c'est génial aussi, mais quand on descend surtout de gens très modestes voire très pauvres, on fait avec ce qu'on a ;) )

 

       Dès mes premiers pas en généalogie, il y a... fort longtemps ;>, je me suis intéressée aux collatéraux. En effet, me limiter à mon arbre d'ascendance directe m'aurait fait l'effet d'une coquille vide : pour connaître un peu mes ancêtres, il m'importait de connaître leurs fratries, leurs enfants, leurs cousins, leurs petits-enfants, ce qui permettait d'imaginer un peu leurs joies et leurs chagrins à travers naissances, mariages et enterrements de leur entourage. Sans compter que je me suis vite aperçue que telle information qui m'échappait depuis longtemps finissait parfois/souvent par apparaître sans crier gare dans un acte concernant un collatéral...

 

 

***

 

 

       De temps en temps, donc, je reprends l'un de mes couples de Sosa, et je cherche le plus systématiquement possible tous les actes concernant leurs parents, frères et soeurs, neveux et nièces, enfants et petits-enfants. C'est un gros boulot, mais souvent très instructif. Je me suis donc attachée récemment à approfondir mes connaissances sur le couple formé par :

 

 

       Georges BELLOUIN, meunier, (mon Sosa 140, né à Chateaugiron près de Rennes le 2 juillet 1737 et décédé à Noyal sur Vilaine 1er août 1790)

 

       et Marguerite GOUVERNEUR ( Sosa 141, née le 25 octobre 1737 à Noyal, et décédée à Rennes le 15 décembre 1816).

 

 

       Ce couple m'intéresse particulièrement car il s'agit des parents de Jean "Baptiste" BELLOUIN, que j'ai déjà évoqué sur ce blog, vu qu'il a épousé en 1800 Marie BEDOUIN, fille de mon fameux François, et que c'est précisément son acte de mariage qui trompe de nombreux généalogistes et qui m'avait tant "titillée"à propos des raisons des mensonges de la famille BEDOUIN.

 

 

       Ce (Jean) Baptiste BELLOUIN, outre qu'il a épousé la fille la plus discrète de François BEDOUIN, m'a toujours intriguée, car c'est un drôle de coco, changeant souvent radicalement de profession : d'abord farinier (=meunier ), comme son père, à Thorigné-Fouillard près de Rennes, puis marin et maître d'équipage (!!??) à Lorient, puis peintre (re!!??) , toujours à Lorient, puis disparaissant sans laisser de nouvelles à sa femme et ses enfants, après de nombreuses absences... Après des années d'interrogations sur son destin, j'ai fini par découvrir grâce aux précieuses indexations de l'Association Parchemin qu'il était en fait revenu à Rennes travailler comme garçon meunier, et mourra à l'hôpital Saint Yves en 1830... (drôle de sensation, soit dit en passant, à l'idée d'en savoir plus sur lui, deux siècles plus tard, que sa propre famille...).

 

       Bref, pour mieux "connaître" - et tenter de comprendre - ce fuyant et étrange Baptiste, j'ai essayé d'en apprendre le plus possible sur son environnement familial, sur ses parents, ses frères et soeurs...

 

       Et me voilà donc partie pour un jeu de piste afin de retrouver tous ses collatéraux... Pas une mince affaire, avec une famille se baladant pas mal entre Rennes (différentes paroisses) et les communes environnantes (Chateaugiron, Noyal sur Vilaine, Ossé, Acigné, Saint Grégoire, Cesson Sévigné, Saint-erblon, etc...) et avec des femmes mettant leurs enfants en nourrice et accouchant pratiquement tous les ans!

 

 

***

 

 

       J'ai fini par retrouver 9 frères et soeurs de Marguerite GOUVERNEUR, 5 de Georges BELLOUIN, 12 naissances en 14 ans (!!) pour leur couple, et 20 petits enfants (je suis sans doute loin du compte, et je sais qu'il m'en manque au moins un).

 

       ... Soit 46 naissances, et bien sûr un certain nombre de décès dûs à l'énorme mortalité infantile de l'époque. Reconstituer le parcours des survivants n'est pas si simple, et je n'ai pas (encore) retrouvé tout le monde. Néanmoins, j'ai pu apprendre des choses assez surprenantes sur certains. Parmi les 11 frères et soeurs de mon Sosa Baptiste, j'en ai trouvé seulement 3 parvenus à l'âge adulte. J'ai 5 décès dans l'enfance confirmés. Pour 3 autres frères, je n'ai pour l'instant aucune information au-delà de leur baptême.

 

       La fratrie adulte issue du couple Georges BELLOUIN - Marguerite GOUVERNEUR telle que je la connais se compose donc de :

 

       - Julienne, née le mercredi 12 mars 1766 à Saint-Erblon au moulin de Chateau Létard (son père était meunier, comme d'ailleurs l'un de ses oncles, Michel BELLOUIN).

 

      - (Jean) Baptiste, né le mardi 10 septembre 1771 à Saint-Grégoire.

 

       _ François  né le 6 novembre 1773 à Saint-Grégoire.

 

       - Clément né à Saint-Grégoire, le 7 mai 1775.

 

 

***

 

 

       ¤ J'ai déjà parlé plus haut de Baptiste. Avec Marie BEDOUIN, qu'il épouse le 20 ventôse l'an 8 à Rennes, il a eu, malgré ses fréquentes absences, 4 enfants, nés à Lorient où les trois filles auront une descendance fournie, le seul fils restant célibataire. Baptiste et Marie sont mes Sosa... Je parlerai certainement un jour de ma branche lorientaise au dix neuvième siècle.

 

 

       ¤ François  est apparemment le plus tranquille de la fratrie. A l'instar de ses frères et soeur, il a un parcours professionnel varié, puisqu'il sera boulanger, puis marchand de toiles ... Mais à part ça, à l'âge de 20 ans, il épouse  Françoise Gillette CAILLARD le 21 février 1794 à Châteaugiron . Je leur ai trouvé deux enfants, et puis plus rien à partir de 1800... Bon, on va se dire que c'est parce que les gens heureux n'ont pas d'histoire? Ca changerait un peu de Julienne, qui apparemment a eu une vie assez "roots", et de Baptiste, qui ne tenait pas en place et n'avait aucun sens des responsabilités... Ou alors, peut-être que lui aussi me réserve une surprise un de ces jours?

 

 

 

       ¤ Clément, comme ses frères, exercera des métiers variées : il sera apprenti tailleur, meunier (pas fils et neveu de meunier pour rien), journalier, tisserand, filetier... J'ai découvert certaines choses intéressantes sur sa jeunesse, mais je les réserve à la troisième semaine du #moisgeneatech, quand je parlerai des découvertes que je ne pouvais faire qu'en allant aux archives. Puis il épouse Olive MARGOIS (ou MARGOUET) le 24 mai 1810 à Cesson-Sévigné . Je leur ai trouvé pour l'instant 6 enfants, dont 4 décèderont très jeunes.

 

 

       Clément est le seul dont j'aie la description physique : "Taille d'1,560 M. Cheveux et sourcils chatain foncé grisonnants, front haut rond, yeux roux, nez gros et tort, bouche grande, menton rond, visage ovale écoulé, barbe grise, teint basané, borgne de l'oeil droit". Et comment je sais cela? eh bien grâce à une mésaventure dont il se serait bien passé, et que j'ai retrouvée dans un registre d'écrou* de la prison de Rennes (et je retrouve enfin le thème promis en début d'article : ouf!!).

 

5Y 91 : Rennes Maison de Justice - Registre d'écrou des accusés en attente de jugement et des condamnés aux travaux forcés de passage - 13 novembre 1830 - 23 mai 1838

 

 

       En 1832, âgé de 56 ans, il est filetier, c'est à dire dans son cas "faiseur de filets et autres engins propres à la pêche fluviale". Et par un arrêt rendu le 31 janvier 1832, il est "accusé de s'être rendu coupable du vol de six échevaux de fil au préjudice et dans les magasins des propriétaires de la manufacture de la Piltière où il travaillait habituellement alors comme ouvrier, ce qui constitue le crime prévu et repris par l'article 386 N° 3 du Code Pénal de la compétence des Cours d'Assises aux termes de l'article 231 du Code d'Instruction Criminelle". On ne rigolait pas autrefois avec le vol, même de 6 écheveaux, et le fait de voler chez son patron était une circonstance aggravante. Ce vol est qualifié de "crime", et donc passible de la Cour d'Assises!

 

 

       Toutefois, sans doute innocent (je n'ai pas encore trouvé le procès), il est acquitté par ladite Cour le 20 février, et remis en liberté, après quelques semaines certainement très difficiles et angoissantes. Est-ce d'ailleurs pour cela qu'il décède seulement un mois et demi plus tard, le 12 avril ?

 

 

       Son dossier d'écrou m'apprend en outre qu'il a à l'époque "trois enfants", sous entendu vivants, l'administration n'ayant que faire du souvenir des petits morts plusieurs années auparavant. Cette information m'a poussée à refaire des recherches, et j'ai effectivement trouvé une petite GiIlette Mathurine née en 1819 qui m'avait échappé, et dont je ne sais rien de plus pour l'instant, mais que je suppose donc vivante en 1832, âgée de preque 13 ans. Mathurin, qui sera maçon et décèdera à l'âge de 38 ans, a 17 ans 1/2. Et il me manque donc encore un 3° enfant vivant en 1832, mais malgré mes efforts, je ne l'ai toujours pas trouvé...

 

 

       Les registres d'écrou sont, on le voit, une source qui peut se révéler pleine d'informations; évidemment, je préfère quand ça finit bien, comme ici, avec un acquittement (bien que le pauvre Clément, lui, se serait bien passé de ces semaines de détention qui ont dû être bien dures et désespérantes!)...

 

 

***

 

 

       Mais si cette source est toujours instructive, elle n'est pas toujours aussi positive. Une illustration à propos de Julienne BELLOUIN, la soeur aînée de Jean Baptiste, François et Clément :

 

 

      A 23 ans, le jeudi 26 novembre 1789, elle épouse Jean MAINGUY (tour à tour marchand, scieur de long et charpentier) à Noyal-sur-Vilaine. Je leur ai trouvé 8 enfants , dont 4 sont mort en bas-âge, et une fille décédée à 22 ans. Je ne sais pas ce que sont devenus deux autres. Le seul dont j'ai retrouvé la trace en tant qu'adulte, Jean Baptiste, nous intéresse particulièrement aujourd'hui à propos de ces sources peu connues qui font l'objet de cet article (si si! même si ça n'en a pas l'air, c'est bien l'objet de l'article! ;>).

 

 

       Mais avant de parler de Jean Baptiste et de ses mésaventures, il me faut parler de Julienne, car hélas, elle est également concernée par ces sources!... Tous les événements dont je vais parler me sont apparus dans le désordre, mais je vais reconstituer l'ordre chronologique pour plus de clarté.

 

 

       Les registres d'écrou des AD d'Ille et Vilaine sont en ligne. Certains ont une table à la fin, je me suis intéressée à ceux là, en cherchant les patronymes que je connaissais dans la région... Hier soir, pour préparer cet article, je m'y suis de nouveau replongée de façon plus systématique, et je n'ai pas été déçue :( ...

 

 

       J'ai découvert en effet que Jean MAINGUY, l'époux de Julienne, avait passé 4 jours en prison à Rennes en 1803 "pour excès et mauvais traitement envers une femme", la sienne, je suppose (il faudra aller aux AD35 pour tenter de retrouver le procès et en savoir plus) . La torgnole conjugale étant considérée comme une banalité à l'époque (et encore très récemment!), et les officiers de police certainement peu enclins à écouter les plaintes d'une épouse, ledit Jean avait dû y aller fort pour se retrouver écroué!!! Frapper sa femme ne mérite pas une "peine afflictive ou infâmante", alors que voler des vêtements dans une maison si :( ... Jean est simplement condamné à 4 francs d'amende et à 4 jours de prison, et le 2 septembre 1803, il est libéré, amende payée...

 

 

  1802 - 1804 | 5 Y 5 : Registres d'écrou - Etablissements Pénitentiaires - Prison de Rennes - Registres d'écrou de la maison de correction -

 

       J'avoue que cette découverte, faite très tard hier soir après plusieurs autres dont l'accumulation devenait assez déprimante, m'a perturbée... d'autant que le mari de Julienne a été écroué le 19 août, et que la dernière née du couple, une petite Angélique "d'environ 3 ans 1/2", est décédée dans leur maison, rue de Brest, à Rennes, le 24, pendant son incarcération... Quelle vie pour Julienne et ses enfants, Jean Baptiste, 4 ans et demi, Marie, 3 ans, Pierre Thomas, nourrisson!!!...

 

 

       Finalement devenue veuve deux ans et demi plus tard, quand Jean décède fin janvier 1806 à l'hôpital St Yves, Julienne se remarie le 8 avril 1807 avec Pierre SAGET, 56 ans, militaire pensionné. Si elle comptait mener une vie plus paisible avec son nouveau conjoint, elle se faisait des illusions. J'ai en effet retrouvé trace de celui ci aussi dans un registre d'écrou de Rennes : il se retrouve détenu le 24 janvier 1808 pour "?? d'incendie" (le registre est hélas mal photographié et l'image est floue). Il est libéré le 30 janvier ... Il décèdera le 14 septembre 1813 à l'Auberge de la Maison Rouge de Hédé, "faisant profession d'avoir des jeux à un sou le tirage". Un drôle de loustic, donc ... Quant à Julienne elle-même, je n'ai pas encore découvert où et quand elle est décédée, mais les indexations d'Hervé TIGIER* m'apprennent qu'en 1816, deux fois veuve, , elle est "mercière foraine" et poursuivie pour "vagabondage" avec un enfant qui a priori n'a rien à faire avec elle (le 13 septembre 1816, le tribunal correctionnel de Montfort "lui accorde un délai pour élucider ses liens avec l'enfant qui l'accompagne"). Ceci est bien intrigant, et je ne manquerai pas, lors d'une prochaine visite aux AD 35, de tenter d'en découvrir plus...

 

Mais vraiment, quelle famille!!

 

 

       Mais ce n'est pas fini! Car après avoir évoqué Julienne et ses époux, il me faut comme promis revenir à Jean-Baptiste, son fils. En dehors de son acte de naissance, à Chateaugiron le 12 juin 1798, tout ce que je sais de lui vient des Registres du bagne de Brest, une autre ressource très riche et passionnante, que j'avais déjà évoquée à propos des faux-saulniers dans mes articles sur la gabelle , et à propos du complice mystérieux de François BEDOUIN.

 

 

       Par chance, les registres de Brest présentent l'énorme avantage d'être eux aussi en ligne, même s'ils ne sont pour l'instant pas indexés. Pour retrouver un dossier précis, il suffit d'avoir son numéro matricule**.

 

       Le passage de Jean Baptiste MAINGUY au bagne de Brest* nous vaut une description physique :

 

       "taille d'1.670 mm cheveux et sourcils chatains, front bas couvert, yeux bruns, nez long pointu, bouche moyenne, menton rond, barbe châtain, visage ovale, de fortes rides entre les deux sourcils"

 

       et surtout, dans la rubrique "Signes particuliers" , je le découvre

 

       "tatoué sur la jambe gauche en rouge et bleu d'une ancre et sur le genou d'une étoile tatoué sur l'avant de la cuisse droite d'un canon, deux places sans cheveux sur la tête, tatoué au bras d'un grenadier et d'une lune, au bras gauche d'un christ et d'un ange portant un calice" ...

 

 

 

       Tatouages à la fois brutaux et émouvants, révélateurs d' "un dur, un vrai, un tatoué"! ... Depuis la Révolution on ne peut plus être condamné aux travaux forcés à vie, mais il est facile d'enchaîner les peines, et un délit au départ assez peu conséquent peut mener rapidement à une vie de galère, c'est le mot, et ça va être le sort de Jean Baptiste MAINGUY...

 

 (Musée du Bagne, Fort Balaguier, Toulon).

 

 

       Il a 7 ans quand il perd son père, 8 quand sa mère épouse son étrange militaire forain, et 15 quand sa mère se retrouve de nouveau veuve, 18 quand elle est arrêtée pour vagabondage... Pas la plus équilibrante des jeunesses...

 

 

       Il commence une carrière de marchand, peut-être auprès de son oncle François BELLOUIN, avant d'être incorporé comme fusilier à la 6° compagnie du 1er bataillon du 45° régiment de ligne. Mais il a le sang chaud, comme son père, et supporte mal la discipline militaire. Le 28 décembre 1827, il est condamné, à Fort Royal (Martinique), à 5 ans de travaux forcés pour "insubordination". Dès lors, ça va être un implacable enchaînement : il est envoyé purger sa peine au port de Lorient (les forçats étaient une manne de main d'oeuvre gratuite), et le 18 septembre 1829, sur les 6h du soir, il s'évade. Je me demande d'ailleurs s'il sait qu'il a en fait des cousins-cousines (les 4 enfants de Baptiste) dans la ville... Sans doute...Va-t-il les voir? Toujours est-il qu'il est repris par la gendarmerie dès le 23. Ces quelques jours de liberté lui valent ... 3 ans supplémentaires de travaux forcés!!!

 

 

       Le 20 avril 1830, un nouveau jugement du Tribunal maritime spécial le condamne à... 5 ans supplémentaires!! plus "une heure d'exposition au carcan" pour " vol de souliers avec effraction, dans un magasin servant de dépôt pour la chaussure des condamnés militaires"... Le 25 mai, il arrive au bagne de Brest.

 

 

       Il n'a pas encore 32 ans, et est déjà condamné à 13 ans de travaux forcés!!! Pas étonnant qu'il tente encore d'échapper à cette descente aux Enfers. Il s'évade de nouveau le 7 juillet 1831, il est repris dès le lendemain, et écope de... 3 ans de plus!!

 

 

       Il est transféré à Rochefort le 9 février 1833 et je n'en sais pas plus pour l'instant, il me faudrait me rendre sur place pour consulter les archives du bagne de Rochefort. J'ai pu trouver les références de son dossier en faisant une recherche sur Geneanet ( "Recherche" / "Relevés partenaires "/ "Bibliothèque généalogique et d'histoire sociale de France" / nom prénom). Mais il s'agit d'un collatéral, cousin d'un sosa, et j'ai déjà tellement de recherches de toutes sortes à faire dans un tas d'archives pour un tas de branches, que j'en resterai sans doute là, mais je vous signale la démarche au cas où ça vous intéresserait pour un de "vos" forçats...

 

 

Mais quel triste bilan!!!... au total 16 ans de travaux forcés pour, en fait :

       - insubordination au départ = 5 ans, puis, comme une série de dominos :

         - 5 jours d'évasion = 3 ans

         - vol de souliers = 5 ans

         - 1 journée d'évasion = 3 ans

 

 

       Quel gâchis!! et j'imagine aisément qu'une fois à Rochefort, il n'a sans doute pas résisté encore et encore à l'appel de la liberté ou d'un menu larcin... Je ne le vois pas sortir du bagne...

 

 

***

 

 

       Voilà, j'espère vous avoir montré qu'avec les registres d'écrou et ceux des bagnes, on peut découvrir un certain nombre d'informations sur certains de nos ancêtres ou leurs collatéraux aux parcours chahutés, ce qui nous permet d'avoir une idée de plus en plus précise de leurs conditions de vie et de leurs (més)aventures éventuelles...

 

 

***

 

Une petite dernière pour la route :

 

       Hier, en parcourant les tables des registres d'écrou de Rennes, j'ai pu suivre sans le vouloir la lente descente aux enfers de Jeanne, la petite voleuse de galette. Ainsi, le 15 juin 1800, Jeanne MAINGUY, "sans profession, demeurant à Rennes depuis 10 jours, prévenue d'avoir voyagé sans passeport et d'avoir attenté publiquement aux bonnes moeurs en raccochant les hommes la nuit dans les rues" est condamnée à 3 mois de prison et 50 francs d'amende par jugement du 23 juin. Elle sort le 23 octobre "son temps fini " (sic, elle a fait 4 mois, en fait!!??)

 

 

       Mais dès le 30 octobre, elle est de retour : "Perrine NICOLAS et Jeanne MAINGUY, toutes deux filles publiques, arrêtées cette nuit"....

 

 

       Je la retrouve encore le 9 décembre 1805, cette fois pour recel et complicité de vol : " Jean LE BRUN et Jeanne MAINGUY de Combourg traduits au Tribunal Criminel Spécial comme prévenus de vol avec effraction extérieure dans un bâtiment de campagne". Elle est visiblement tristement connue dans les établissemnts pénitentiaires rennais où elle fait des allers retours, car le geôlier finit par la désigner dans les marges de ses registres comme "La MAINGUY"...

 

       NB : Au fait, à part l'homonymie, pas de rapport entre Jeanne MAINGUY de Combourg et la famille de Julienne.

 

 

***

 

 

Notes :

 

* 5Y 91 : Rennes Maison de Justice - Registre d'écrou des accusés en attente de jugement et des condamnés aux travaux forcés de passage - 13 novembre 1830 - 23 mai 1838 : BELOUIN Clément N° d'écrou 181: accusé de vol qualifié Crime

 

* 1802 - 1804 | 5 Y 5 : Registres d'écrou - Etablissements Pénitentiaires - Prison de Rennes - Registres d'écrou de la maison de correction - MAINGUY Jean

 

* registre 5 Y 7 90 Rennes Maison de Justice - Registre d'écrou Pierre SAGET

 

* registre 2 0 28 du bagne de Brest - image 220 / 404 N° 19 209 MAINGUY Jean Baptiste

 

* Rennes (Ille-et-Vilaine, France) | 1800 - 1802 | 5 Y 4 Registres d'écrou - Registres d'écrou de la maison de correction - Jeanne MAINGUY

 

* Rennes (Ille-et-Vilaine, France) | 1804 - 1806 | 5 Y 6 Registres d'écrou - Registres d'écrou de la maison de correction - Jeanne MAINGUY

 

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Sources :

- les registres d'écrou d'Ille et Vilaine

- pour les bagnards :

- ** un site qui répertorie plus de 11.000 noms de Bagnards Originaires du nord-ouest de la France . Je ne l'ai pas utilisé, mais ça se tente... Ca permet notamment de retrouver le numéro matricule. S'ils sont passés à Brest, les registres sont donc en ligne.

- pour les bagnards envoyés en Guyane ou en Nouvelle Calédonie : sur le site des ANOM

- Les effroyables conditions de la vie quotidienne au bagne de Rochefort sont dépeintes de façon saisissante ici. Elles devaient être sensiblement les mêmes dans les autres bagnes de la métropole.










 



 

 

 

Tag(s) : #LeMoisGeneatech, #Famille BELLOUIN
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